RÉSUMÉ : A partir d'une vignette clinique, ce texte élaborait, dans la première partie, parue dans le n° 24, l'état de nos connaissances cliniques sur un lien possible entre une histoire d'abus sexuel durant l'enfance et une présentation clinique pour dyssynergie abdominopérinéale (urétrisme ou dyssynergie vésico-urétrale ; vaginisme ; anisme ou dyssynergie rectosphinctérienne anale). Le processus de désomatisation est illustré par le fait que la malade, souffrant de rétentions urinaires psychogènes à répétition, est devenue asymptomatique sur une parole juste, qui lui a fait comprendre, au sens très large du terme, ce qui l'avait fait somatiser.
Dans cette deuxième partie le texte revoit la littérature, maintenant riche (27 publications) qui décrit la grande fréquence (50 %) des sujets qui consultent pour des troubles fonctionnels du tractus digestif bas, avec comme plaintes principales la douleur abdominale chronique, la constipation, et/ou la diarrhée, et qui ont été victimes d'un abus sexuel dans leur jeune âge. Le texte rappelle aussi les trouvailles capitales d'une signature corporelle de l'abus, sous forme d'anomalies mesurables de la motricité anorectale, ce qui permet de mettre un peu plus en perspective la théorie des fausses mémoires. Comme 90 % des médecins traitants, comme le montrent les publications sur le sujet, ignorent tout de la question, et ont d'énormes réticences à l'aborder, le texte élabore aussi sur les pistes diagnostiques, et surtout sur la nature de l'approche thérapeutique qui peuvent être suivies pour aider ce type de sujets. Enfin une réflexion est amorcée sur la nature profonde du problème et surtout sur les troubles d'identité sexuelle dont souffrent les femmes et hommes qui ont été abusés sexuellement.