Résumé
La recherche, dirigée par A. CIAVALDINI et M. GIRARD-KHAYAT, met en évidence
l'importance de la relation transfèro/contre transférentielle dans le changement
de la psychologie des agresseurs sexuels. D'avoir été confrontés à leurs actes,
non plus dans l'optique d'une sanction judiciaire, mais dans celle d'une compréhension
de ce qui a pu se passer en eux, sans pour autant rejeter leur responsabilité,
a déterminé la plupart des sujets à envisager, voire demander un traitement
psychothérapique. C'est que la relation qui s'est créée au cours de l'entretien
d'investigation profonde exigée par le protocole de recherche a touché les processus
de clivage du Moi, élément clinique fondamental de cette pathologie. Un peu
du déni de réalité sur lequel s'appuie le clivage s'est levé, non sans un certain
vécu émotionnel de l'investigateur. C'est là que réside la différence entre
la relation transfèro/contre-transférentielle et la position objectiviste du
cognitiviste. Au reste, la sexualité et ses "déviances", est à considérer dans
son sens "sexuel freudien", et non dans sa fonction sexuelle. Il s'agit à vrai
dire des "pulsions de vie", mélange d'amour et de violence, qui rend compte
de l'étonnante capacité du sujet à investir l'environnement dès sa naissance.
Désir de fusion, dans un plaisir inouï, mais aussi souffrance de la séparation
qui permet de trouver le plaisir de se découvrir soi-même et de se créer. C'est
pour n'avoir pas pu résoudre ces contradictions que l'agresseur recourt à des
solutions barbares, c'est-à-dire, viols, meurtres, agressions d'enfants. On
reconnaîtra là, la valeur de l'interdit de l'inceste, qui permet la construction
psychique au lieu de la recherche du plaisir absolu de la fusion, destructeur.
Cette exploration du psychisme est difficile et met le thérapeute à l'épreuve.
On peut s'indigner que certains médecins soient formés à recourir à des prothèses
péniennes lorsque des agresseurs invoquent un sexe malformé pour expliquer leurs
pratiques singulières.