Résumé :
But et méthode : La reconnaissance récente par l'OMS de l'impact de la violence
sur la santé publique repose sur des données convergentes issues de diverses
spécialités de la médecine. Au travers de la littérature, les auteurs tentent
d'éclairer les sources principales d'information à partir desquelles la violence
peut être mieux perçue dans ses dimensions médicales. Résultats : 6 domaines
de la médecine fournissent les données les plus utiles : 1. la pédiatrie : enrichie
par 3 décennies de recherches sur la maltraitance et les abus sexuels infantiles,
elle a révélé l'ampleur longtemps insoupçonnée de ces phénomènes ; 2. la médecine
d'urgence : selon les sources, 2-30 % des femmes qui consultent un service d'urgences
médico-chirurgicales présentent des caractéristiques cliniques compatibles avec
des violences infligées ; 3. la chirurgie maxillo-faciale et la neurochirurgie
: dans plusieurs pays européens, la violence a été identifiée comme cause principale
des lésions de la face. Il en est de même pour les lésions cérébrales aux Etats-Unis
; 4. l'obstétrique : des enquêtes prospectives ont établi qu'environ 10 % des
femmes enceintes subissent des violences physiques au cours de leur grossesse
; 5. la psychiatrie : l'impact de la violence sur la santé mentale ressort tout
particulièrement de l'étude du syndrome du stress post-traumatique dont les
contours cliniques ont été précisés ces dernières années ; 6. l'épidémiologie
: selon les statistiques mondiales de la santé, 4 % de la charge globale de
la morbidité peuvent être attribués à la violence intentionnelle. Conclusion
: Chaque spécialité médicale peut être sollicitée pour des problèmes liés à
la violence et devrait s'efforcer d'évaluer l'impact de celle-ci sur son propre
champ d'activité. Une aide spécifique aux victimes allant au-delà des soins
somatiques d'urgence devrait pouvoir être offerte au sein même des professions
médicales, à l'exemple de la Consultation interdisciplinaire de médecine et
de prévention de la violence tout récemment créée dans le cadre des Hôpitaux
universitaires de Genève.