Le point G : bilan et perspectives

B. WHIPPLE (Medford, États-Unis)


Résumé :
Cet article résume un programme de recherche ayant débuté dans les années soixante-dix avec la redécouverte et la dénomination du point G par les docteurs John Perry et Beverly Whipple. C'est une zone sensitive, jusque-là négligée, située au niveau de la paroi vaginale antérieure, à mi-chemin entre le pubis et le col utérin, en regard de l'urètre, et que le Docteur Ernst Grafenberg avait décrite dans les années cinquante, d'où sa dénomination de point G. Perry et Whipple ont également décrit la réponse sexuelle féminine, c'est-à-dire les orgasmes vulvaire utérin ou mixte, et précisé les circuits neurologiques concernés. D'autre part, ces auteurs ont étudié le phénomène de l'éjaculation féminine, expulsion d'un liquide de l'urètre, biologiquement différent de l'urine. Ils ont en effet établi que le liquide expulsé par la femme contenait des phosphatases acides prostatiques qu'on ne retrouve pas dans les urines. Plus récemment, des chercheurs ont testé du Prostatic Specific Antigen (PSA) trouvé dans l'éjaculation féminine mais pas dans l'urine de ces femmes. Whipple a ensuite étudié la fonction du point Grafenberg en effectuant des recherches sur l'animal, et a constaté que la masturbation vaginale produisait un puissant effet antalgique dû à une élévation des seuils de la douleur mais pas de ceux de la sensibilité tactile. L'élévation de ce seuil douloureux est plus importante si la stimulation vaginale est agréable, et encore plus si la femme a eu un orgasme. Cet effet antalgique prend toute son importance pendant le travail obstétrical. Cela autorise à émettre l'hypothèse que la naissance serait plus inconfortable en l'absence de cet effet antalgique, qui est activé par la dilatation du col utérin et l'augmentation de pression dans le conduit vaginal lors de la sortie de l'enfant.

La réponse sexuelle de deux populations différentes a été étudiée : une population de femmes ayant des orgasmes uniquement par fantasmes d'une part, et, d'autre part, de femmes présentant des lésions complètes de la moelle épinière. Il a été prouvé par des expériences menées en laboratoire que des femmes pouvaient atteindre l'orgasme par autostimulation de la face antérieure du vagin (zone de Grafenberg), par autostimulation du col utérin, mais aussi par des fantasmes uniquement. Les femmes présentant une lésion complète de la moelle épinière sont aussi capables d'avoir un orgasme par autostimulation de la face antérieure du vagin, du col utérin et d'une zone hypersensible - ce qui implique de repenser la définition de l'orgasme. Dans la continuité de ce programme de recherche, Whipple, Komisaruk et leurs collaborateurs ont réalisé des études électrophysiologiques du cerveau au cours de l'orgasme chez des femmes présentant une lésion complète de la moelle épinière et ont identifié un nouveau circuit neurologique qui "shunte" la moelle épinière et relie directement des orgasmes génitaux au cerveau par le nerf vague sensitif. Ces études offrent de nouveaux axes de recherche davantage orientés vers le plaisir que vers la réponse sexuelle objective.



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