Résumé :
L'infertilité est une situation pathologique complexe, dont l'impact psychologique a souvent fait l'objet de réflexions quant à l'aspect féminin des choses. Cependant, l'homme est lui aussi confronté à des difficultés dans ce contexte, des doutes, des remises en cause. Quelques-unes des questions que peut se poser le gynécologue à ce propos seront ici présentées.
Alors que la femme paraît souvent prête d'emblée à s'engager dans le soutien médical de sa demande d'enfant, l'homme peut se tenir plus en retrait. Est-ce parce qu'il perçoit moins le risque du temps qui passe ? Parce qu'il s'investit toujours davantage dans son avenir professionnel que dans son projet familial ? Parce que la confusion permanente entre fertilité et sexualité lui fait craindre une remise en question de son identité virile ?
Pourquoi l'examen clinique, dont l'importance ne peut être discutée, tant sur le plan diagnostique que sur le plan relationnel, est-il si rarement réalisé ? Parce que l'homme n'y est pas habitué ? Parce que le médecin n'y est pas formé ? Qu'il en est gêné ? Cela ne va-t-il pas enfermer le patient dans un rôle d'objet, ne va-t-il pas être apprécié sur le seul critère de son sperme ?
Pourquoi les procédures des examens paracliniques sont-elles si peu expliquées, justifiées ? Pourquoi les résultats de ces examens sont-ils si délicats à interpréter, à annoncer ?
Lorsque le recours à une technique d'assistance médicale à la procréation est décidé, à quelles difficultés l'homme est-il encore confronté ? Quelle est la symbolique du recueil du sperme ? Quels sont les sentiments profonds du patient ? Quels sont les comportements masculins alors rencontrés ? Au total, quelle est la place que nous accordons à l'homme au cours de ces traitements ?
Enfin, l'évolution de la médecine et de la biologie de la reproduction a bouleversé depuis quelques années l'approche de certaines situations encore jugées insolubles il y a peu. Si le processus de deuil de la paternité biologique reste toujours délicat, sinon impossible, qu'en est-il de ces hommes que les progrès médicaux ballottent du deuil à l'espoir au gré des techniques modernes ? Ne méritent-ils pas d'être entendus, accompagnés ?
L'homme n'est pas un distributeur de spermatozoïdes, si efficaces soient-ils, mais un être doté d'une sensibilité, d'une sexualité, d'une fragilité. Face à l'infertilité, il peut rencontrer de graves difficultés qu'il est certainement dangereux de minimiser, voire de négliger.