L'état amoureux après un traumatisme crânien. À propos d'une étude sur cinquante couples

M. de JOUVENCEL ; F. NARCYZ ; C. HAMONET ; T. MAGALHAES


Résumé :

Après un traumatisme crânien, nous n'abordons pas facilement la sexualité avec le blessé ou son conjoint : le corps est souffrance et la notion de plaisir se fait absente. Le corps du blessé peut-il être encore source de plaisir pour le "moi" et de désir pour "l'autre" ? La persistance des troubles neurocomportementaux et le bouleversement des investissements narcissiques et libidinaux donnent une coloration différente de la sexualité du blessé : adhérence affective, labilité émotionnelle, régression affective...

Quel ajustement va pouvoir s'établir dans la relation amoureuse ? Les études sur la blessure cérébrale et la sexualité soulignent un "effet de sexe".

Comment vivre sa sexualité pour une femme lorsque l'on a perdu son pouvoir de séduction et pour un homme, son pouvoir de domination ? Dans une étude de 50 couples dont l'un des deux membres était un traumatisé cérébral grave (39 hommes et 11 femmes), les facteurs : l'âge, le sexe du blessé cérébral, la durée de vie de couple avant l'accident, le statut du couple (marié ou non), les rôles de chacun (professionnel et social) conservés ou non, le vécu antérieur du couple, le rôle des parents du blessé cérébral après l'accident, les troubles neuropsychologiques et psycho-affectifs du blessé ont été contrôlés pour évaluer la durée de vie de couple après l'accident. Les entretiens semi-directifs ont permis de retenir deux problématiques de la vie de couple : les échanges relationnels et la vie sexuelle du couple. Des modèles de couples fusionnels et dissociés ont été identifiés. Notre réflexion psychologique, dans sa finalité de prise en charge individuelle ou commune du couple, nous amène à considérer la désorganisation de la relation amoureuse du traumatisé cérébral comme un symptôme post-traumatique manifeste.



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