Résumé :
L'analyse des conséquences sexuelles de nos interventions pour prolapsus
génital et/ou incontinence urinaire s'inscrit dans une démarche
de qualité devenue indispensable dans toute chirurgie fonctionnelle.
Les travaux dont nous disposons souffrent de la grande complexité de
la sexualité humaine sous influence multifactorielle et du manque d'outils
de mesure spécifiques dans l'évaluation des paramètres
sexuels.
Ils ont néanmoins le mérite d'avoir sensibilisé la communauté
chirurgicale à un sujet trop longtemps considéré comme
secondaire, et de ce fait négligé dans la publication de nos résultats.
Si ces paramètres sexuels sont habituellement influencés par le
prolapsus et l'incontinence, les patientes concernées rapportent le plus
souvent une satisfaction globale dans leur vie sexuelle : le facteur prédictif
essentiel demeurant la qualité de la relation au sein du couple.
En dépit de résultats discordants dans la littérature,
les conséquences sexuelles de l'hystérectomie, qu'elle soit pratiquée
de façon isolée ou intégrée à la cure chirurgicale
du prolapsus, sont le plus souvent favorables si son indication est licite et
si la patiente a été préparée "au deuil utérin".
Les interventions pour incontinence urinaire sont également souvent bénéfiques
du fait de la disparition des fuites pendant les rapports et d'un sentiment
de revalorisation de la femme au sein du couple.
La restauration de l'image de soi après chirurgie du prolapsus - qu'elle
soit conduite par voie abdominale ou vaginale - a aussi une influence positive
sur la sexualité. Néanmoins, il faut savoir au cours de cette
chirurgie "réparatrice" rester économes dans nos colpectomies,
prudents dans nos indications de myographies, et modérés dans
les tractions exercées sur nos systèmes de fixation et d'amarrage,
afin ne pas générer des phénomènes douloureux post-opératoires
préjudiciables à une sexualité épanouie.
Enfin, quelles que soient les interventions concernées, la qualité
de la sexualité pré-opératoire est essentielle pour le
pronostic sexuel après la chirurgie et mérite donc toute notre
attention. Une véritable évaluation psycho-sexologique s'impose
donc avant toute intervention qui prendra en compte l'éventuelle "demande
sexuelle" de la patiente et de son partenaire et qui fixera les limites
de notre "modeste" influence chirurgicale.