Jeunes et intimité érotique

J. Thiérault


Résumé :

L’intimité et l’érotisme sont au cœur des relations romantiques adolescentes et jeunes adultes (Furman & Wehner, 1994; Prager, 1995; Sullivan, 1953; Thornton, 1990). À la différence des autres types de relations de proximité (relations parents-enfants; relations d’amitié) qui impliquent intimité, amour et prise de soin, les relations romantiques portent, de surcroît, une dimension sexuelle (actualisée ou anticipée) (Collins & Sroufé, 1999). Alors que chercheurs et cliniciens reconnaissent d'emblée la contribution respective de l’intimité et de la sexualité dans le développement adolescent, alors que les travaux cliniques et empiriques ont cerné de près ou de loin chacune des dimensions de l’intimité et de la sexualité, peu de travaux ont tenté de les analyser conjointement. La présente étude, de type quantitative, propose de faire quelque pas en ce sens. Plus précisément, elle propose une exploration des perceptions qu’ont les adolescents de leurs capacités d’intimité envers leurs partenaires romantiques et ce, à différents stades du développement sexuel, i.e., stades pré-coïtal et coïtal.

Quatre cent cinquante-deux étudiants de niveau secondaire (243 F; 209 G) de la banlieue de Montréal ont participé à cette recherche. Un questionnaire validé sur l’intimité, le PAIR-M (Thériault, 1998) fut utilisé. Ce dernier explore différentes dimensions de l’intimité dont l’intimité sexuelle. Les stades du développement sexuel furent définis à l’aide du paramètre "statut coïtal" – i.e. engagé ou pas dans les premières expériences coïtales. Comparant les répondants du stade coïtal aux répondants du stade précoïtal, les résultats de recherche montrent chez les premiers des niveaux significativement plus élevés d’intimité sexuelle et d’intimité générale. Le groupe précoïtal présente pour sa part des niveaux de peur de l’intimité significativement plus élevés que le groupe coïtal. Les résultats de cette recherche sont discutés à la lumière de la documentation scientifique portant sur les difficultés potentielles de gérance des besoins intimes et des besoins allo-érotiques naissants à l’adolescence. Enfin, les implications cliniques et éducatives de la présente recherche sont soulignées.



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